Curieux du lien entre les hommes et leur environnement sur les chemins escarpés de la dead zone (territoires terrestres où les conditions sont mortelles pour la vie humaine), je pars au Népal dans la région de l’Everest en novembre 2015. J’y découvre une atmosphère mystique teintée des marques plus triviales d’un quotidien dangereux à ces altitudes.
Pour appréhender ces espaces inhospitaliers où roche et glace remplacent la végétation, créant une terre déserte souvent fantasmée comme vierge, une échelle s’impose: celle de l’homme. Mes photographies sont alors autant de traces que je recueille, d’indices que j’enregistre, pour saisir les modalités de présence des individus qui les arpentent: habitants, touristes, himalayistes, athlètes, ou encore militaires. Comment négocient-ils avec cette nature hostile ? Comment l’adaptation fonctionne ? Comment s’« impriment-ils » en ces zones reculées ?
En 2016, un deuxième voyage s’est imposé. Après la découverte de l’expérience touristique sur le sentier principal et direct vers le camp de base du plus convoité des 8000, celle de la pleine saison des expéditions sur les chemins des hauts cols où je marche dans les pas d’athlètes expérimentés. L’altitude extrême continue d’exercer sa fascination, et, nourri des grands récits himalayens, c’est aussi vers soi que l’objectif se tourne, le voyage devenant intérieur.